19 décembre 2011
La pénurie de développeurs va-t-elle amener les cabinets de recrutement à jeter l’éponge ?

La pénurie de développeurs va-t-elle amener les cabinets de recrutement à jeter l’éponge ?

« Le cabinet de recrutement PIXOJOB ferme ses portes ! » L’annonce que j’ai découverte ce matin est forte. Un mauvais signe de l’état du marché sachant qu’avec Pixojob le marché perd un cabinet de recrutement, spécialisé sur les développeurs, largement reconnu pour son sérieux et son professionnalisme. Certes d’autres éléments jouent forcément dans cette décision, Yoan ne s’en cache d’ailleurs pas ici, mais c’est un signal d’alarme pour le marché.

 

Difficultés à trouver des développeurs

Altaïde rencontre aussi depuis deux ans les pires difficultés à trouver des développeurs sur les technos du web et mobile. Trouver des développeurs PHP, Java, .Net, IOS, Androïd ou RoR, pour ne citer que ces technos les plus demandées, c’est une débauche de moyens et d’énergies énorme. Notre stratégie a clairement évolué sur ces recrutements, nous proposons maintenant à nos clients de les accompagner soit en organisant sourcing et cooptation chez eux, soit en ne prenant que quelques missions sur lesquelles nous nous sentons les moyens de réussir. La vocation d’un chasseur de têtes comme Altaïde étant d’accompagner les sociétés innovantes, nous ne pouvions pas abandonner ces recrutements de développeurs, mais on s’est vraiment posé la question. D’autres à l’instar de Pixojob le feront sûrement.

 

Entrepreneurs attention aussi aux cabinets de recrutement qui vous promettent la lune

Qui empilent des missions au succès, vous risquez d’être déçus. La réussite de ces recherches nécessite aujourd’hui un engagement très fort de la part des consultants qui travaillent pour vous. Un cabinet qui gère plus de 50 missions de développeur, comme je l’ai rencontré plusieurs fois récemment, ne servira qu’à peine 10% des besoins. Alors choisissez bien !

Sur ces profils, le marché est pénurique, je le clame haut et fort.

Récemment je m’en suis ouvert à Gilles Babinet, Président du Conseil national du Numérique, qui me disait commencer à mener des actions de lobbying. En effet sans action forte de l’État et des grandes entreprises pour créer des formations adaptées et inciter les jeunes générations à aller vers ces secteurs forts en emploi, nous courrons vers une économie du numérique handicapée.

Pourquoi cette pénurie ?

  • le secteur du numérique représente 3,2 % du PIB et 700000 emplois créés depuis 15 ans (étude Mc Kinsey) : cela est impressionnant mais sachez que nous sommes en retard et que nos compétiteurs sont plutôt autour de 5 à 5,5% du PIB. La tendance à la croissance forte du secteur n’est donc pas prête de faiblir même avec la crise !
  • internet a été sous-estimé par nos gouvernants et par conséquence la France a un déphasage énorme entre la formation (Écoles et Universités) et les besoins du secteur. Je rencontre régulièrement des patrons de start-up qui délocalisent leurs équipes de développement uniquement pour être sur de trouver rapidement les bonnes ressources. Recruter des développeurs est devenu une vraie galère !
  • notre écosystème de start-up est de plus en plus performant : et les succès de nos entrepreneurs ne devrait que renforcer le phénomène.
  • toutes les entreprises (PME, Grands Comptes, Paris, Province…) se mettent au digital sous une forme ou une autre: publicité web, e-commerce, applications mobiles…
  • nos ingénieurs sont les meilleurs ! : la Silicon Valley en est truffée, l’iPhone a été conçu à Paris, Google et Microsoft créent des centres de développement en France… Seul bémol : il n’y en a plus assez qui sortent des écoles pour travailler en France !
  • une grosse demande des SSII : le Syntec informatique annonce une création nette de 10000 emplois dans le secteur en 2011. Entre les créations nettes, les départs du secteur (retraite, arrêt, changement de métier…) c’est sans doute le double de personnes qui doivent réalimenter la pompe ! Même si cela se ralentira en 2012, des premiers signes le montrent, on ne compensera pas les besoins.
  • les « vieux » informaticiens sont mal ou pas formés aux nouvelles technos : la majorité d’entre eux travaillent en SSII ou en entreprises utilisatrices dont les seuls plans de formation sont d’améliorer leur performance dans les technos qu’ils connaissent et pas de leur en apprendre des nouvelles. Or ce qui tire la demande ce sont les start-up et l’environnement web donc des entreprises différentes. On a donc vraiment deux marchés informatiques différents avec finalement peu de transfert de l’un vers l’autre.
  • il n’y a pas assez de filles dans les écoles ! : problème d’image pour les jeunes filles pour qui un informaticien c’est plutôt Rodolphe de la pub de Free qu’autre chose. Et pourtant c’est un métier propre, intellectuellement intéressant, où l’œil féminin est souvent le bienvenu en design et ergonomie, qui permet de la souplesse pour gérer une vie de famille (télétravail, gestion par projets…)… Il y a de vrais efforts de communication à faire très tôt dans les lycées pour changer cela.
  • il faut d’autres Google et Microsoft en France : Cela peut paraitre paradoxal car à court terme cela complique encore la tache sur le marche, mais à long terme les effets seront plus que bénéfiques. En effet les équipes de développeurs d’un Google @ Paris par exemple avec leur niveau de savoir faire, leurs magnifiques bureaux, et les salaires proposés deviennent une vitrine haut de gamme qui donnent envie d’exercer ces métiers. Fatalement plus on en aura (bientôt un centre de devs Facebook à Paris ?), plus on amènera de jeunes à s’intéresser à la conception et au développement.

Conclusion à tout cela :

On est pas sorti de l’auberge ! Et nous cabinets de recrutement, on a souvent l’impression d’être entre le marteau et l’enclume sur ces missions de développeurs. Je comprends que certains jettent l’éponge ou refusent d’en recruter. Altaïde tient bon pour aider un écosystème que l’on adore mais il faut nous aider ! 😉

 

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