4 janvier 2012
Plaidoyer pour la refonte (annoncée) de la circulaire Guéant

Plaidoyer pour la refonte (annoncée) de la circulaire Guéant

 

La trop fameuse circulaire Guéant du 31 mai 2011 a déjà fait pas mal de dégâts dans notre secteur du numérique. Cela fait plus d’une fois que j’entends parler de cas de figures de jeunes diplômés qui se voient refuser leur visa de travail. Depuis la dernière rentrée universitaire, la Conférence des grandes écoles annonce qu’environ 600 étudiants se sont vus refuser un permis de séjour.

Cas type :

développeur web intégrant une start-up en stage de fin d’études à qui l’entreprise en question propose un CDI une fois diplômé. Et là refus de la Préfecture pour cause de circulaire Guéant. ;-( Et tout cela dans un contexte où on est en pénurie de développeurs !!

Autre cas rencontré :

$un jeune diplômé en marketing ayant développé en stage le Community Management d’un support de Presse qui se voit refuser son visa alors que là aussi CDI à la clé pour continuer. Motif invoqué : il y a plein d’autres personnes formées au métier (Ah oui et où forme-t-on des community manager ??).

LeMonde.fr :

« Une « circulaire complémentaire » à celle, controversée, du 31 mai 2011, devrait donc être présentée ce mercredi 4 janvier pour rectifier le tir.  Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, accompagné de ses homologues au travail, Xavier Bertrand, et à l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, devaient recevoir dans l’après-midi le président de la Conférence des grandes écoles, Pierre Tapie, le président de la Conférence des présidents d’université, Louis Vogel, et le président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, Christian Lerminiaux. »

Tollé dans la filière scientifique et numérique

Le tollé dans la filière scientifique et numérique est tel que Laurent Wauquiez s’y étais opposé dès le départ et avait récemment déclaré « On s’est plantés, il faut le dire clairement. »

La nouvelle circulaire devrait clairement spécifier la nécessité de maintenir l’attractivité du système d’enseignement supérieur, et des besoins de certaines des entreprises en compétences spécifiques de haut niveau. Les profils d’étudiants étrangers dits à haut potentiel seront donc concernés par cette modification. La question qui reste est justement cette définition des « hauts potentiels ».

Industrie versus économie du savoir

Il est quand même paradoxal dans une économie qui se désindustrialise pour aller vers une économie du savoir de se couper de cette richesse. Quand on sait que le secteur du numérique a lui seul créé 25% des nouveaux emplois depuis 15 ans cela laisse perplexe. La capacité à attirer les meilleurs étudiants étrangers est un enjeu majeur pour faire de notre système d’enseignement supérieur une référence au plan international.

Cela implique un niveau professoral élevé mais également la possibilité de donner à ces étudiants des perspectives au-delà du diplôme. Des pays comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis l’ont compris depuis longtemps en menant une politique très engagée pour attirer les meilleurs étudiants. Dans la Silicon valley plus de 50% des entrepreneurs ne sont pas américains à la base.

 

La diversité a toujours été un facteur de richesse et qui plus est dans la tradition historique française. Pourquoi s’en couper alors que :

  • le marché du recrutement est clairement pénurique sur certains postes en particulier celui des développeurs web et mobile (relire notre article sur la pénurie de développeurs)
  • les PME françaises sont sous équipées en profils internationaux : l’export est loin d’être un de nos points forts. La compétence d’étudiants étrangers pour aider les PME à pénétrer de nouveaux marchés ne peut qu’apporter un plus.
  • laisser partir des étudiants à potentiels c’est handicaper notre compétitivité car ces mêmes étudiants iront soit dans des pays plus accueillants, soit dans leur pays d’origine pour développer des activités en concurrence avec les nôtres.

Conclusion :

Les entreprises françaises ont tout à y perdre et rien à y gagner ! Cette circulaire doit être largement réexaminée avec une vision élargie à l’économie des entreprises et pas limitée à la seule vision politique (électoraliste ?) de l’immigration.

 

N’hésitez pas à relayer largement cet article et à faire part de votre vécu et/ou expériences sur le sujet.

 

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