25 novembre 2014
Enorme Bravo à Pierre-Yves Lautrou, 14ème de la Route du Rhum : un bel exemple pour les entrepreneurs

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Pierre-Yves Lautrou sur L’Express – Trepia a donc terminé vendredi 14ème de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Grosse émotion pour ce projet mené au bout malgré les difficultés. Altaïde soutient PYL dans ses projets voile depuis 7 ans et le voir passer la ligne à Pointe à Pitre a été un bonheur immense.

Un projet d’entrepreneur mené comme une startup !

Au delà de notre passion pour la voile et le fait d’y retrouver des valeurs propres à Altaïde, c’est aussi les aspects de conduite de projet qui nous ont rapproché de cette aventure.

En effet mener un projet comme celui-ci avec la construction d’un bateau neuf, cela n’est pas sans similitude avec la conduite d’une startup : bâtir le projet, lever des fonds, gérer les aspects technos de la construction et de la mise au point, test et améliorations, lancement du projet, constitution d’une équipe (préparateur technique, électronique, responsable communication, entraineur,…), gestion des difficultés… Pierre-Yves Lautrou nous confiait il y a quelques mois : « C’était pour moi une grande première et j’ai adoré ça. Réfléchir, s’engager, faire des choix et s’y tenir… » (lire interview complète ici).

Et des haut et des bas il y en a eu !

Pierre-Yves Lautrou a bataillé 5 ans pour en arriver là. En 2010 il lance un projet Route du Rhum, tout va bien (levée de fonds participative sur une idée lancée à la conférence LeWeb) et badaboum le bateau est abordé par un chalutier à 20 miles de Saint-Malo avant même le départ !

2014 rebelote, un mois avant le départ L’Express-Trepia démâte (faute à une bastaque défectueuse). Avec le soutien de tous ses partenaires Pierre-Yves lautrou se bat et est prêt pour le départ. Une première nuit dantesque, engendrant de nombreux abandons, voit L’Express Trepia perdre sa girouette. Encore un écueil à surmonter : « L’idée de devoir abandonner à Camaret avec tous les gens qui m’ont aidé à monter ce projet, cela n’était pas possible : il fallait que j’aille au bout, même si je me faisais mal, que je me demandais ce que je faisais là. Avec cette boule dans le ventre quand la nuit tombe parce que tu ne vois pas le grain arriver… »

PYL a bien résumé ce que doive se dire nombres d’entrepreneurs face aux difficultés : « Le coût du renoncement est supérieur au prix de l’achèvement. »

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Interview de Pierre-Yves Lautrou à chaud juste après l’arrivée

Pierre-Yves Lautrou le skipper de L’Express-Trepia, a mis 19 jours 04 heures 16 minutes et 30 secondes pour boucler les 3 542 milles du parcours entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. Il s’est ainsi octroyé la 14e place dans la catégorie des Class40. Et s’il peut se satisfaire de terminer parmi les meilleurs amateurs de la série, il peut aussi et surtout s’enorgueillir d’avoir fait preuve d’une détermination sans faille, ces cinq dernières années, pour finalement aller au bout de son projet. Au bout de son rêve.

Pierre-Yves, quelles sont tes premières impressions, à chaud ?

« Je suis content d’arriver et mon premier sentiment, c’est celui du devoir accompli. Je suis fier d’avoir réussi à mener à bout ce projet de faire la Route du Rhum, un projet né il y a cinq ans, qui s’est avéré long et compliqué à cause d’un abordage en 2010 lors du convoyage jusqu’à Saint-Malo, un démâtage le mois dernier puis un arrêt au stand forcé, 48 heures après le départ de la course…

Cela m’a pris un peu de temps, mais aujourd’hui, je peux dire que j’y suis arrivé. Il y a également différentes satisfactions. Celle du marin d’abord, d’avoir amené le bateau à bon port, car, rappelons-le, il y a eu 25% d’abandons dans la Class40 dans cette édition du Rhum. Ensuite, il y a celle du chef de projet puisque j’ai tout géré de A à Z, c’est-à-dire de la construction du bateau à une place dans le premier tiers du classement. Je suis très content. Finir 14e et dans les tous premiers amateurs, c’est vraiment une belle chose pour moi. »

Tu as l’air d’avoir été un peu surpris par la difficulté de l’exercice ?

« C’est le cas, en effet. On peut avoir tendance à penser qu’une course dans les alizés, c’est une course facile or les alizés sont des vents complexes et les grains ne sont pas une légende. Il faut bien connaitre son bateau, ses pilotes automatiques… Dans une transat comme celle-ci, il y a énormément de stress. Jusqu’au bout, cette Route du Rhum aura été exigeante, dure. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est si belle.

Je m’attendais à beaucoup de glisse. Il y en a eu pas mal, certes, mais il y a aussi eu énormément de technique. Trouver du plaisir au milieu de tout ça n’a pas toujours été évident. Il n’empêche que j’ai trouvé incroyable le fait de naviguer tout le temps à haute vitesse et que je dois l’avouer, on s’y habitue très vite, même quand, comme moi, on n’a pas tellement d’expérience en Class40 dans le vent fort. Avant le départ, je n’avais utilisé mon petit spi qu’à une seule reprise ! C’est clairement une discipline exigeante et technique mais elle est aussi magique. Faire des surfs à 19 nœuds, de nuit, c’est totalement grisant ! »

Si tu devais résumer votre course, quels moments retiendrais tu ?

« Je retiendrais la première nuit car elle a vraiment été très dure, d’une part à cause des conditions musclées que nous avons rencontrées, et d’autre part en raison de l’ambiance : la nuit noire, toutes ces balises qui se déclenchaient, tous ces abadons… En ce qui me concerne, elle m’a obligé à faire une escale technique à Camaret et ça a d’ailleurs été dur de trouver l’énergie pour repartir. L’autre moment dont je me souviendrais, c’est celui où je me suis rendu compte que je pouvais enlever mon ciré. Ca a été vraiment agréable même si ça c’est un peu corsé ensuite parce que les alizés que nous avons eu n’étaient pas très stables, que ce soit en force ou en direction, et que, comme je l’ai dit, c’était source de stress permanent. »

Tu as finalement grappillé une place avant l’arrivée. Raconte nous?

« Cette nuit, j’étais un peu décalé à l’ouest par rapport au reste de la flotte. Cela m’a permis de beaucoup glisser. Le Belge, Michel Kleinjans, qui était devant moi, s’en est rendu-compte. Il est donc venu me chercher en empannant sous mon vent pour me contrôler mais il se trouve qu’il n’a pas réussi à suivre mon rythme. Je l’ai néanmoins vu revenir lors du tour de la Guadeloupe mais il est resté collé dans un tour d’air. Ce que je peux dire, c’est que le tour de l’île papillon est vraiment compliqué. Tout le monde me l’avait dit, mais c’est vraiment quelque chose, et il y a de quoi s’arracher les cheveux. Je suis passé à 8 heures ce matin à la Tête à l’Anglais et j’ai franchi la ligne après 18 heures ce soir, c’est dire à quel point c’était laborieux ! »

Alors un marin qui débarque d’une course comme le Rhum a envie de quoi dans l’immédiat ?

« Une bonne entrecôte que je vais m’empresser d’aller dévorer ! Même si j’ai bien mangé pendant cette transat puisque je bénéficiais de nourriture sous vide, j’ai envie de frais, de croustillant. J’ai envie aussi de refaire la course avec les copains, de me poser… J’ai génial de savoir que je vais pouvoir dormir tranquillement cette nuit car je sais qu’il ne va rien pouvoir m’arriver !  »

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ROUTE DU RHUM - DESTINATION GUADELOUPE 2014

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